En dépit de leur amitié de longue date, ce n’est pas toujours qu’Aboudramane Sangaré est d’accord avec Laurent Gbagbo. C’est le cas de l’application de l’Article 48 de l’ancienne Constitution pour faire d’Alassane Ouattara un candidat exceptionnel à la présidentielle de 2010.
La face cachée de l’amitié Laurent Gbagbo – Aboudramane Sangaré
Il ne faire l’ombre d’aucun doute que Laurent Gbagbo et Aboudramane Sangaré se vouent une considération mutuelle. Tous deux membres fondateurs du Front populaire ivoirien (FPI), l’ancien président ivoirien et celui que les Frontistes appellent « Le gardien du temple » affichent continuellement une complicité à toute épreuve.
Cependant, le FPI traverse une crise interne depuis la chute du régime des Réfondateurs en avril 2011. L’ancien parti au pouvoir s’est en effet cassé en deux branches, une tendance modérée dirigée par l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan, et l’autre tendance radicale dite les « Gbagbo ou rien » dont M. Sangaré est le porte-flambeau. Cette dernière tendance a affiché un attachement viscéral à l’ex-président Laurent Gbagbo et à son idéologie.
Toutefois, ce n’est pas tous les jours que Sangaré et Gbagbo sont sur la même longueur d’onde. Au cours de sa tournée de remobilisation de la base, Aboudramane Sangaré a fait une révélation de taille à propos d’une divergence de point de vue sur la candidature d’Alassane Ouattara en 2010.
Sous la houlette de Thabo Mbeki, président sud-africain d’alors, Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara s’étaient rencontrés à Pretoria pour la signature d’un accord de paix. En vertu de cet accord dénommé « Pretoria II », le président Laurent Gbagbo devait prendre une décision exceptionnelle devant permettre à tous les signataires de l’accord d’être candidats à la présidentielle de 2010.
C’est alors que l’ex-chef d’Etat ivoirien, aujourd’hui incarcéré à La Haye, a fait usage de l’article 48 de la Constitution de 2000 pour permettre à Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et bien d’autres personnalités d’être candidats à ce scrutin de sortie de crise. Et pourtant, l’Article 35 qui régissait les conditions d’éligibilité les en écartait.
Aussi, M. Sangaré révèle qu’il n’était pas du tout d’accord avec l’usage de cet article qui donnait tant de pouvoir au Président. « Je n’étais pas d’accord avec l’Article 48 que Gbagbo a appliqué », a-t-il indiqué lors d’une adresse à ses militants. Il s’est toutefois plié à cette décision du président de la République, garant des Institutions de la République.
Mais l’ex-président Gbagbo avait-il réellement le choix à cette période où il cherchait des voies de sortie de crise dans une Côte d’Ivoire dont plus de la moitié était occupée depuis septembre 2002 par une rébellion armée ?
Quoi qu’il en soit, cette loi a été appliquée, et la suite on la connait : une crise postélectorale qui a officiellement fait 3000 morts.