Bouaké, l’ancien fief de la rébellion ivoirienne, est aujourd’hui l’épicentre de toutes les revendications militaires. Aussi face à la profonde fracture entre les populations civiles et les forces de défense et de sécurité, plusieurs ONG ont décidé de tirer la sonnette d’alarme.
Les populations de Bouaké en danger face aux militaires ?
Que serait des militaires sans le soutien des populations, et vice versa ? Et pourtant, à Bouaké, ces deux entités ont du mal à cohabiter. Un véritable mur de méfiance s’est en effet installé entre les habitants de la deuxième ville de Côte d’Ivoire et les éléments des forces armées ivoiriennes. Cette situation entraine par conséquent une montée de l’insécurité dans la capitale du Gbêkê et ses environs.
Mais dans l’optique d’œuvrer à une cohabitation pacifique entre ces « deux faces de la même médaille« , la fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), en partenariat avec la Fondation Serenti, ont organisé à Bouaké, le samedi dernier, une rencontre autour du thème « Comment rétablir la confiance entre les populations et les militaires ? »
Michèle Pépé, une conférencière, a ainsi posé le diagnostic : « L’une des raisons majeures de la persistance de cette insécurité réside dans la rupture du dialogue et de la confiance entre les populations et nos forces de défense et de sécurité. » Et pourtant, « sans informations, sans renseignements, nos forces ne peuvent valablement assurer notre sécurité ».
Thilo Schöne, représentant Côte d’Ivoire de la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung (FES), a, pour sa part interpellé les Forces armées de Côte d’Ivoire (FACI): « Les FDS doivent inspirer la confiance aux populations pour que ces dernières se sentent à l’aise et libres de partager ce qu’elles savent, pensent et ressentent. » Avant d’appeler la population à soutenir les militaires. Les récentes mutineries ont par ailleurs été condamnées par l’ensemble des participants.
Notons que cette rencontre revêt un caractère hautement humanitaire, d’autant plus que la présidentielle de 2020 inquiète d’ores et déjà en Côte d’Ivoire. Ces joutes électorales se dérouleront-elles dans un climat apaisé ou plutôt dans une atmosphère de violences et de tensions ? La participation annoncée de l’opposition à cette élection présage tout de même quelques inquiétudes.
Quoi qu’il en soit, ces ONG ont décidé d’anticiper afin de réduire au maximum les risques de débordements et surtout une autre crise postélectorale.