Le gouvernement libyen a publié la liste des pays à qui Mouammar Kadhafi a prêté de l’argent. Le président Alassane Ouattara dont le pays fait partie des débiteurs de l’ancien guide libyen acceptera-t-il de payer cette dette consentie par son prédécesseur ?
Alassane Ouattara à l’épreuve de la continuité de l’Etat
Tout Etat est régi par le principe de la continuité. A cet effet, les engagements pris, en passif ou en actif, par un président sont assumés par son successeur. Mais à l’occasion de la célébration de la fête du travail, ce 1er mai, Alassane Ouattara a fait une déclaration on ne peut plus surprenante.
A la doléance des syndicalistes de prendre en compte des arriérés de salaires à partir de 1988, le président Ouattara leur a posé une fin de non-recevoir. « Arrêtez de rêver, il n’en sera pas question. Je ne suis pas responsable de ce qui a été fait en 1988 », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « J’ai été Premier ministre de Côte d’Ivoire de 1990 à 1993, et j’ai pris des mesures pour le redressement économique de ce pays. Si ceux qui sont venus après moi ne l’ont pas fait, pourquoi me le demander ? »
Il a par ailleurs précisé qu’il est en train de faire « ce qui a été pris comme engagement depuis 2010 ». A la lumière de cette réponse, l’on est tenté de se demander si le successeur de Laurent Gbagbo fera face aux engagements pris par ce dernier.
Notons que Fayez al-Sarraj, chef du gouvernement d’union nationale de la Libye, a fait état de soixante-sept milliards de dollars prêtés par le Colonel Mouammar Kadhafi prêtés à plusieurs pays à travers le monde. L’Afrique du Sud, la Tanzanie, la Zambie, la Côte d’Ivoire, le Niger et l’Ouganda sont, entre autres, les pays africains bénéficiaires de cette largesse de l’ancien guide libyen.
Les nouvelles autorités libyennes entendent donc rentrer en possession de ces fonds afin de donner un souffle nouveau à l’économie de ce pays maghrébin déchiré par près d’une décennie de crise militaro-politique. « C’est de l’argent public. Le remboursement peut être échelonné, les intérêts revus », a rassuré Mohamed Taher Siala, ministre libyen des Affaires étrangères. Des procédures sont d’ailleurs engagées auprès de ces pays africains pour le paiement de cette dette.
Alassane Ouattara va-t-il accepter de payer cette dette contractée en partie par l’ex-président Laurent Gbagbo ?
Pour certains observateurs, cette question ne se pose pas dans la mesure où ce gouvernement est soutenu par la communauté internationale. Mais attendons de voir comment réagira le président Ouattara après sa déclaration devant les travailleurs, ce 1er mai.