Dix-huit syndicats dont la Confédération générale du travail du Burkina (CGT-B), ont dénoncé la « violation » par le gouvernement « des libertés syndicales », notamment en ce qui concerne la pratique du sit-in jugée « illégale », dans un communiqué mercredi.
Plusieurs syndicats dénoncent la privation de leurs liberté par le gouvernement.
« Les organisations syndicales signataires exigent du gouvernement qu’il reconsidère sa volonté de restreindre les libertés syndicales et de manifestation », ont-elles affirmé.
Elles ont par ailleurs exigé « que l’arrêté portant sur les retenues de salaires pour fait de grève qui a fait l’objet d’amendements des parties syndicale et gouvernementale soit signé pour permettre une gestion saine du droit dont disposent les travailleurs d’organiser des rassemblements sur leurs lieux de travail ».
Le 2 mai, à l’issue d’un conseil des ministres, le gouvernement, se fondant sur un avis du Conseil d’Etat, a déclaré illégal le sit-in, une pratique courante des travailleurs burkinabè pour exprimer leur mécontentement et exercer leur droit syndical.
« Les agents qui s’adonnent à cette pratique sont dans l’illégalité totale et commettent une faute passive de sanctions disciplinaires dont le quantum est laissé à l’appréciation du supérieur hiérarchique des agents concernés », a alors précisé le porte-parole du gouvernement Rémi Dandjinou.
Pour les 18 organisations syndicales, « lorsqu’on considère la législation nationale et celle internationale (normes suprationales), on ne peut qu’être sidéré » par l’allégation selon laquelle le sit-in est illégal.
Selon les organisations, le 8 août 2014, l’ancien ministre de la Fonction publique, Vincent Zakane, a sollicité l’avis technique du Bureau International du Travail (BIT) sur la légalité du sit-in comme forme d’exercice du droit de grève.
Le BIT a, entre autres, répondu que « tant que la grève reste pacifique, les piquets de grève et l’occupation des locaux devraient être permis ; les limitations aux piquets de grève et à l’occupation des locaux ne peuvent être acceptées que si les actions perdent leur caractère pacifique ; les piquets de grève organisés dans le respect de la loi ne doivent pas voir leur action entravée par les autorités publiques »
Lundi, à l’entame de leur grève de 120 heures sur tout le territoire national, pour « exiger du gouvernement la satisfaction » de leurs revendications, les agents du ministère de l’Economie et des Finances ont été empêchés par la police d’accéder à l’enceinte du ministère pour tenir leur piquet de grève.
Depuis 2017, le climat social au Burkina est marqué par de nombreuses manifestations (grèves, sit-in) de travailleurs de secteurs d’activité divers, qui réclament l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.
En mai, plusieurs syndicats ont observé, observent ou observeront des grèves. C’est notamment le cas du syndicat national des travailleurs de l’agriculture qui a observé une grève les 17 et 18 mai. La coordination des syndicats du ministère de l’Economie observe une grève du 21 au 25 mai. Le syndicat autonome des agents du ministère des Affaires étrangères observera une grève du 30 mai au 1er juin.
Devant cette situation, la majorité présidentielle dénonce « une fronde sociale organisée, téléguidée souterrainement par des officines politiques qui œuvrent en liaison avec certains syndicats » pour déstabiliser le pouvoir.
L’opposition, quant à elle, appelle le gouvernement à « négocier une trêve » avec les syndicats, compte tenu du climat social « délétère » qui prévaut dans le pays.