Le choix de Jeannot Ahoussou-Kouadio comme colistier d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2020 est loin d’être fortuit. Le président ivoirien qui entend briguer un 3e mandat veut s’accaparer l’électorat baoulé.
Affaire 3e mandat, le forcing d’Alassane Ouattara
Loin d’être des paroles en l’air, l’intention avouée par Alassane Ouattara de se présenter pour un 3e mandat se précise de plus en plus. En effet, lors d’une interview accordée à JA la semaine dernière, le chef de l’Etat ivoirien avait évoqué la « possibilité » de se présenter à la présidentielle de 2020. Mais, conscient de l’impact d’une telle ambition sur ses relations avec le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), le chef de l’Etat a bien voulu contenter son allié.
Ainsi, le président d’honneur du Rassemblement des républicains (RDR) n’a trouvé d’autres solutions que de s’attacher les services d’un cadre du vieux parti qui, non seulement représente un poids politique au PDCI, mais aussi qui lui est proche.
Jeannot Ahoussou-Kouadio apparaît donc comme cet oiseau rare qui pourrait faire l’affaire. Président du Sénat, l’ancien Premier ministre ivoirien est favorable à l’adhésion du PDCI au parti unifié. Il est part ailleurs le président de l’Association des Cadres et Elus PDCI-RDA du Grand Centre (AEC-GC). A ce titre, il pourrait convaincre les militants de son parti à s’allier au président ivoirien pour un 3e mandat, d’autant plus qu’il deviendra son Vice-président, en sa qualité de colistier lors du scrutin présidentiel.
Mais cette pilule est loin de passer comme lettre à la poste, car le PDCI qui tiendra son Bureau politique, le 17 juin prochain, est loin d’adhérer à ce schéma politique. Henri Konan Bédié, le président du PDCI, a une idée quasi obsessionnelle : celle de l’alternance 2020 en faveur d’un militant actif de son parti.
Le « Sphinx de Daoukro » acceptera-t-il de faire la passe à Alassane Ouattara pour une troisième fois ? Les membres du parti septuagénaire se plieront-ils à cette nouvelle donne ? N’est-ce pas une manœuvre politicienne de Jeannot Ahoussou-Kouadio pour arracher le leadership du PDCI à Bédié ?
Quoi qu’il en soit, les jeunes du PDCI ont d’ores et déjà donné leur ultimatum : celui d’une candidature PDCI en 2020. Si tel n’est pas le cas, ils entendent manifester leur désaccord de la manière la plus bruyante qui soit. L’on s’achemine donc, à n’en point douter, vers un clash au sommet de l’Etat.