Le Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA), a accusé mardi le gouvernement camerounais d’avoir « transféré » les armes destinées à la lutte contre la secte islamiste Boko haram dans les régions anglophones, en proie à une crise sociopolitique depuis plus d’un an.
« Les armes destinées à la lutte contre Boko Haram ont été transférées dans des régions anglophones et ont été utilisées contre des civils », selon le président du CHRDA, Me Agbor Balla, suggérant « la révision de la coopération militaire en cas de violations flagrantes des droits de l’homme. »
L’avocat qui a participé lundi, au lancement du rapport d’Amnesty sur la violence et les violations des droits de l’homme dans les régions anglophones du Cameroun, à Dakar, soutient que les récits de plus de 150 victimes de l’ONG « corroborent plus d’un millier de découvertes, d’enquêtes et d’enregistrements de victimes que le CHRDA a documentés depuis bientôt deux ans ».
Dans son nouveau rapport intitulé, « Une tournure tragique. Violence et atteintes aux droits humains dans les régions anglophones du Cameroun », Amnesty dénonce l’ »escalade de la violence caractérisée par des homicides aveugles et des déplacements de grande ampleur. »
L’ONG accuse « les forces de sécurité (d’avoir) tué aveuglément, arrêté et torturé des personnes lors d’opérations qui ont fait des milliers de déplacés. »
Quant aux « séparatistes armés, ils ont tué au moins 44 membres des forces de sécurité dans des attaques à des postes de contrôle, dans la rue ou sur leur lieu d’affectation, entre février 2017 et mai 2018, incendié au moins 42 écoles (sur la même période) et mené des attaques destinées à terroriser la population. », selon le rapport.
Depuis plus d’un an, le Nord-ouest et le Sud-ouest, traversent une crise sociopolitique.
Un consortium de syndicats anglophones dissout, exigeait l’indépendance de leurs régions et le départ du président Paul Biya, au pouvoir depuis 36 ans.
Le consortium dénonçait également la marginalisation de la minorité anglophone (environ 20 % des 24 millions d’habitants) par rapport à la majorité francophone.
Axées au départ (octobre 2016), sur des aspects corporatistes, les revendications des avocats et enseignants anglophones se sont par la suite transformées en une crise sociopolitique, en raison des répressions des forces de l’ordre.
La situation s’est dégradée avec l’interpellation au Nigeria de 47 séparatistes, dont Sisiku Ayuk Tabe (leader) et leur extradition au Cameroun.
Les combats entre les forces de défense et de sécurités camerounaises et des hommes armés se réclamant des « forces de restauration de l’Ambazonie« , un Etat imaginaire, sont devenus fréquents.
Amnesty a invité les autorités à « amener les membres des forces de sécurité et les séparatistes armés qui auraient commis des infractions à répondre de leurs actes, tout en mettant fin au « recours excessif, illégal et inutile à la force et veiller à ce que la population soit protégée. »