Le chef de file de l’opposition malienne Soumaila Cissé, principal challenger du chef de l’Etat sortant Ibrahim Boubacar Keita, a affirmé samedi à Bamako, vingt-quatre heures avant la présidentielle de dimanche, qu’il accepte d’aller au scrutin, malgré les « actions frauduleuses en cours », pour éviter « l’aventure » à son pays, le Mali.
Soumaila Cissé en course pour les présidentielles maliennes
« Non pourquoi on va boycotter ? (…) On y va parce qu’il faut sauver le pays. Si on ne va pas aux élections, ce sera l’aventure », a déclaré Soumaila Cissé, face à la presse, à l’issue d’une réunion à la Primature entre le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga et des candidats ou des mandataires de candidats au scrutin.
Le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies au Mali et les Chefs des missions d’observation électorale de la CEDEAO, l’Union Africaine, l’Union Européenne et de l’Organisation Internationale de la Francophonie ont également pris part à cette rencontre, qui visait, selon les services du Premier ministre, à “trouver des réponses consensuelles aux récentes préoccupations soulevées par la classe politique dans le cadre de l’organisation’’ du scrutin.
Au terme de cette réunion, face aux journalistes, Soumaila Cissé a réitéré ses réserves contre le fichier électoral.
« Les preuves sont faites que le fichier n’est pas bon et n’est pas fiable (…) Nous avons pris notre gouvernement la main dans le sac, nous avons un président et un gouvernement qui trichent », a-t-il ajouté.
Pour contrer « la fraude » qui « se préparait », M. Cissé dit avoir « écrit » à l’ONU pour “certifier les résultats comme cela été fait en Côte d’Ivoire’’ en 2010, sans obtenir gain de cause.
Malgré ses réserves sur le fichier électoral, le président de l’Union pour la république et la démocratie (URD, Opposition), porté par la plateforme « Ensemble restaurons l’espoir », a appelé ses partisans à aller aux urnes “dans la sérénité’’, les invitant toutefois à la vigilance car estime-t-il : “il n’y a rien de perdu d’avance’’.
Plus tard, le Premier ministre, à l’initiative de la rencontre, a assuré, face aux journalistes présents, qu’il y a seul fichier, « celui qui a été audité » et annoncé l’accès des centres de compilation aux observateurs internationaux et nationaux.
Une requête de la mission d’observation que l’Union européenne dont la patronne Cécile Kyenge se tenait aux cotés du Premier ministre avec les chefs des missions d’observation électorale de la CEDEAO, le burkinabé Désiré Kadré Ouedraogo, de l’Union Africaine, l’ancien président béninois Yayi Boni, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies au Mali, Mahamat Saleh Annadif et l’ancien chef de l’Etat burundais Pierre Buyoya, Haut représentant de l’UA pour le Mali et le Sahel.
Face aux critiques de l’opposition, M. Boubeye Maiga s’est dit conscient que le gouvernement ne pouvait pas organiser “des élections parfaites’’ mais qu’il travaillait plutôt à proposer “des élections acceptées par tous’’.