De mère Suisse et de père camerounais, Joshua Osih, candidat à la présidentielle de dimanche du Social démocratic front (SDF), veut symboliser à bientôt 50 ans, la « nécessaire transition générationnelle », la « tolérance » et la modernisation dans un pays dont la zone anglophone (l’une des deux langues officielles) est secouée par une crise depuis deux ans.
Joshua Osih, un mélange de culture
Passionné d’aviation, M. Osih, qui a fait ses études à Kumba (sud-ouest) où il est né, en France, à Yaoundé et à Bali, devient dès ses 20 ans, en 1988, agent des opérations dans la filiale camerounaise de la compagnie aérienne privée allemande Lufthansa, à Douala.
Après quelques années de formation professionnelle dans ce domaine à l’étranger et dans la capitale économique camerounaise, il quitte le Cameroun « du fait de (ses) fortes opinions politiques au lendemain de l’élection présidentielle de 1992 », la première multipartite que l’actuel président Paul Biya a remporté in extremis devant le fondateur du SDF, Ni John Fru Ndi, explique-t-il.
Exilé, il continue son ascension dans l’aviation au sein de Trans world airlines à Genève en 1994, rejoint en 1995 Swissair/Swissport où il restera pendant cinq ans, jusqu’en 2000.
« Josh » décide cette année-là de rentrer au Cameroun, où il a fondé des sociétés dans les domaines des services d’aviation et de l’écotourisme (African Travel management et Camport PLC, représentant exclusif de Swissport entre autres) puis reprend sa place au sein du parti qu’il avait intégré en 1991.
Son parcours politique justement ne porte que la marque d’un sigle, le SDF qui le voit gravir progressivement les échelons : de militant et assistant administratif, il a occupé le poste de délégué régional dans le sud-ouest de 2002 à 2006, est devenu par la suite 2e Vice-président national en 2006, puis 1er Vice-président national en 2012 avant d’être désigné en février candidat de ce parti historique de l’opposition pour la présidentielle de dimanche.
Marié à Tina Osih et père de trois garçons, le dauphin du « chairman » Fru Ndi devient en 2013 le premier anglophone à accéder au poste de député pour la ville de Douala et intègre la commission des Finances de l’Assemblée nationale en tant que vice-président.
Au plan international, il est le coordonnateur de l’Alliance progressive d’Afrique centrale (regroupant des partis progressistes de huit pays d’Afrique centrale) et membre du comité directeur de l’Alliance progressive, un réseau international de partis progressistes, dont plusieurs partis au pouvoir.
Pour accéder à la magistrature suprême, Joshua Osih compte sur « la force de (la) diversité » des populations, son slogan, mais aussi sur sa « forte assisse multiculturelle » et sa connaissance des réalités du pays profond : « j’ai grandi en faisant de nombreux voyages à l’est, au fin fond de la région du sud, au nord, et à l’extrême nord qui ont installé les bases de mon multiculturalisme et de mon bilinguisme entre autres ».
« J’ai ce qu’il faut ! L’expérience, les connaissances, l’énergie, les idées, la jeunesse et le plus important, je crois en mon pays et en la capacité des Camerounais à surmonter les obstacles et exceller », argumente-t-il, promettant une « tolérance zéro face à la corruption » et « l’injustice » s’il est élu, lors d’un meeting à Yaoundé.
Ce socialiste, qui se définit également comme un progressiste, veut faire passer le salaire minimum de 36.000 FCFA à 160.000 FCFA en cinq ans, assurer la gratuité des soins pour les femmes enceintes jusqu’au deuxième anniversaire des enfants, l’annulation des loyers d’avance qui ne permettent pas à la jeunesse de « trouver des locaux dignes ».
A ceux qui jugent son programme utopique du fait du manque de ressources nécessaires, il répond : « le Cameroun est un pays immensément riche. Qu’on ne vienne pas nous tromper, il y a beaucoup d’argent qui est soit mal géré soit volé ».
Pour ce qui est du volet de la réconciliation nationale, Joshua Osih se donne « 30 jours pour mettre fin à la guerre qui secoue le nord-ouest et le sud-ouest » puis « 100 (autres) jours pour mettre un terme à la crise » anglophone, estimant qu’il s’agit d’un « problème politique ».
Le candidat du SDF propose par ailleurs le « fédéralisme » pour que « l’argent des Camerounais parte dans la poche des Camerounais », ainsi que la « mise en place d’une réforme foncière pour les personnes qui vivent dans les zones rurales ».
Convaincu de sa victoire, ce n’est qu’après le vote des plus de six millions d’électeurs convoqués devant les urnes dimanche qu’il saura si les votants, eux, ont été convaincus par son programme.