En Côte d’Ivoire, les opposants Pascal Affi N’Guessan, Gnamien Konan, Bamba Morifere, ou encore Monique Gbekia, tous des présidents de partis politiques d’opposition ont pris part lundi aux côtés d’Henri Konan Bédié, au congrès extraordinaire de sa formation, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-allié au pouvoir), à Daoukro (Centre).
Plusieurs membres de l’opposition au congrès de Bédié
Des écrans géants, bâches dressées de part et d’autre pour contenir les milliers de militants, c’est à 12H54 (GMT et locale) que le président du PDCI, vêtu d’une chemise pagne à l’effigie de son parti, a fait son entrée dans la salle de l’hôtel de la Paix de Daoukro (fief de M. Bédié) qui abritait le congrès.
Après des échanges de poignées de mains avec ces opposants assis côte à côte en face de la table de séance, M. Bédié regagne son siège sous les ovations des militants.
Ce congrès qui intervient dans un contexte de recomposition du paysage politique, après le retrait du PDCI de la coalition au pouvoir, a enregistré la présence du RPCI de M. Moriféré, le Parti communiste (PCRCI), le RPC-Paix de l’ex-ministre Henriette Lagou, la Frange du PIT (fondé par Francis Wodié) conduite par Daniel Ahizi.
Etaient également présents, le parti Lider fondé par l’ancien-président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly, l’UPCI (ex-mouvance présidentielle) créée par l’ex-ministre Gnamien Konan, qui a aussi assisté à la cérémonie en tant que président de sa nouvelle formation « La Nouvelle Côte d’Ivoire », les franges du MFA conduites par son fondateur Anaky Kobenan et Anzoumana Moutayé.
Par des discours ponctués d’ovations, ils ont tous approuvé la décision du retrait du PDCI de la coalition au Pouvoir, le RHPD unifié, qui prévoit à terme la dissolution des partis alliés.
Ouvrant la série des allocutions des partis invités, Mme Lagou, ex-présidente de « deux millions de filles pour Gbagbo », un mouvement de soutien à l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, a estimé que ce congrès de « clarification » au sein du PDCI est celui « du rétablissement de la démocratie » en Côte d’Ivoire.
« Le PDCI est un patrimoine et ne saurait disparaître », a lancé sous des ovations la présidente du RPC-Paix qui s’est rapproché récemment d’Henri Konan Bédié, avant d’appeler à la « mise en place d’une plateforme pour protéger la démocratie ».
A sa suite, M. Aka Ahizi, chef de file de la frange du PIT restée fidèle à la ligne de gauche du parti, a ajouté que « nul ne peut faire disparaître ce qu’il n’a pas créé », qualifiant de « sacrilège » les attaques contre le PDCI.
Il a répondu « positivement » à l’appel au rassemblement de M.Bedié pour la mise en place d’une plateforme de collaboration de toutes les forces vives de la nation et les partis politiques qui partagent sa vision, quand Pascal Affi N’Guessan a jugé « impératif » de constituer ce groupement.
Si Anaky Kobenan, fondateur éjecté du MFA dont il conduit toujours une frange a préféré remettre son discours aux congressistes en guise de contribution, après quelques recommandations aux militants, l’opposant Bamba Moriféré, connu pour ses discours hostiles au pouvoir, a jugé « inqualifiable les agissements » de Alassane Ouattara contre son ex-allié Henri Konan Bédié.
Il a ensuite assuré M.Bédié de « l’indéfectible soutien » de Francis Wodie qui « n’a pu faire le deplacement » à Daoukro, au nom de l’ex-président du Conseil constitutionnel.
Dans une déclaration commune, à la fin des allocutions, ces partis d’opposition présents à Daoukro ont « dénoncé la tentative de déstabilisation des partis politiques » par le pouvoir et « condamné la manipulation » de la justice.
Ce congrès intervient après l’assignation du PDCI en justice, introduite par Jérôme N’Guessan, membre du bureau politique « exclu » du parti, afin d’invalider la dernière réunion du bureau politique du PDCI organisée le 24 septembre à Daoukro, après avoir obtenu de la justice, l’invalidation du bureau politique du 17 juin à Abidjan.
Bédié adresse ses salutations « filiales » à Soro, représenté au congrès.
Dans son discours d’ouverture, Henri Konan Bédié a adressé ses « salutations filiales » au président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, représenté par l’ex-ministre Affoussiata Bamba-Lamine, porte-parole de l’ex-rébellion des Forces nouvelles (FN).
Il a demandé à Mme Bamba-Lamine, de transmettre ces « salutations filiales » à M. Soro.
L’Union des soroistes (UDS), un mouvement de soutien au président de l’Assemblée nationale a également assisté au 6e congrès extraordinaire de « stabilité et de clarification » au sein du PDCI, en proie à des dissensions.