Depuis 2004, les partis politiques ivoiriens sont éligibles au financement public selon les dispositions de l’article 3 de la loi n° 2004-494. Cette loi impose qu’un millième du budget de l’État soit affecté chaque année au financement des partis politiques selon des conditions définies. Depuis cette date, la vocation première des organisations politiques qui est de garantir la mise en œuvre et le respect des droits de l’homme, a été troquée pour le business politique. Nelson Zimin en fait le point avec Kabako (Catastrophe).
Payer à traumatiser le peuple, que coûtent les partis politiques au contribuable ivoirien ?
Apportez à la maison des politiciens tous vos biens, Bonjour !
Mon cher Kabako,
Je me suis réveillé avec une nouvelle assez surprenante ce matin et je me pose encore des questions. Mais j’ai contacté kaloua qui vit depuis 2012 au Ghana et il m’a donné quelques détails sur cette affaire. Damana Pickass aurait été arrêté alors qu’il s’était rendu au service ghanéen de l’immigration pour le renouvèlement de son passeport et bien d’autres documents administratifs. C’est à ce moment que l’on aurait découvert un mandat d’arrêt attaché à ses dossiers administratifs depuis 2016. Mais il vient d’être libéré. Voilà en substance ce que ton oncle m’a dit. Finalement, je crois qu’il fait bon dans certains cas de rester sans papiers, non ? Enfin, la loi d’amnistie prise par votre président en août 2018 ne me semble pas très opérationnelle à quelques égards. Mais c’est ça la politique chez vous, et ça tombe bien. Je voudrais t’en parler ici avec des chiffres que tu ne vas pas aimer. On s’en fout toutefois, car je n’y suis pour rien !
Tu sais, la démocratie chez vous me pose un gros problème d’éthique et de morale. Les lois sont votées, et appliquées en fonction des intérêts en présence, et on les accepte ou pas selon les intérêts du ventre. Dis-moi, à quoi servent vos partis politiques pour vous coûter aussi cher ? Alors que l’école reste démunie, et que le chômage des jeunes est d’une affligeante atrocité, des gens sont payés pour faire plonger le pays et défendre des intérêts privés.
Financement des partis politiques, des critères qui créent un business rentable et faussent le jeu démocratique.
Si les partis politiques développaient un pays, la Côte d’Ivoire compterait parmi les puissances africaines, vu les sommes que l’état affecte à leur financement. Malheureusement, ces organisations privées, au-delà du fait qu’elles n’ont jamais assumé leur rôle dans la construction de la démocratie chez vous, coûtent plus cher que l’insertion des jeunes. Un millième du budget de l’état est alloué à l’entretien des partis politiques inutiles de ton pays. Super la politique sociale du gouvernement non ?
En 2018, l’Assemblée nationale de ton pays a adopté en commission un budget 2018 d’environ 6 800 milliards F CFA. Applique le barème du millième à ce montant et tu es à 6,8 milliards de francs CFA, consacré à une bande de fenians qui ne se battent pas pour vous. Racket en bande organisée ma foi !
L’article 5 de la loi n° 2004-494 stipule que : « La première subvention est accordée aux partis et groupements politiques ayant obtenu au moins 10 % des suffrages exprimés à l’occasion des élections législatives. Elle est répartie proportionnellement au nombre de suffrages obtenus par chaque parti et groupement politique aux élections législatives. Cette subvention équivaut aux 2/5 du financement ».
Conformément à ce barème, avec un budget 2017 d’un montant de 6501,4 milliards, la cagnotte à distribuer était de 6,5 milliards de FCFA. Le Rhdp s’était arrogé la somme de 1.152.000.000 FCFA, grâce aux 40,61% des suffrages obtenus (823.294 voix aux élections législatives). De quoi donner des idées à casser de l’opposant politique pour rester la seule force politique. Mais le revers de la médaille est qu’à la fin de cette opération il est resté dans les caisses de l’état 1.235.960.000 F CFA, car ils n’ont pu être distribués aux partis politiques n’ayant pas obtenu au moins dix pour cent du suffrage. Vois-tu le cumul des millièmes prélevé chaque année pour les partis politiques ? Celle-là est sans vaseline bio !
Des partis politiques et des institutions fiancées aux frais du contribuable sans valeurs démocratiques ajoutées
Après cette distribution de l’argent public pour rien, il faut faire fonctionner l’Assemblée nationale et les autres institutions. Et là, l’unanimité des hommes politiques est extraordinaire dans votre pays. Alors président de l’Assemblée Nationale, Guillaume Soro pour éviter un audit sur sa gestion de l’institution, a fait augmenter les salaires des députés ivoiriens. En plus d’un salaire de 2, 665 millions de FCFA, les avantages sont entre autres un passeport diplomatique (qui les dispense de demande de visa.
Ils peuvent aller dans tous les pays), l’assurance maladie à 100% pour eux et toute leur famille (ils ne paient ni hôpital ni médicaments), un véhicule hors douanes et taxes (pourtant ils ont trouvé le moyen de frauder en douanes. Cf l’affaire des 2000 véhicules), une pension de retraite de 1 million par mois à vie, et l’immunité parlementaire. Pour 255 députés sur 5 ans, il y a de quoi changer de vocation pour ce CDD. Je ne ferai pas cas du budget de « souveraineté » du président de l’Assemblée nationale qui est de 34 milliards FCFA. Mais à ne rien foutre en fait !
C’est comme ça chez vous, quand leurs intérêts sont en jeux, vos hommes politiques s’entendent. Tiens par exemple, l’absence du Fpi à toutes les élections à partir de 2011 a posé, à nouveau, le problème lorsque le Président Alassane Ouattara succède à Laurent Gbagbo en avril 2011. Un accord est trouvé à partir de 2013 pour octroyer un financement à l’opposition, la plus grande part étant accordée au Fpi dirigé par Affi N’Guessan. Tu comprends ça hargne à défendre « son FPI ».
Le RDR avait été dans le même cas en 2004. Tu vois, ils se paient vos têtes. Enfin si cela a encore de la valeur. Bon, écoutes, débrouille-toi avec Georges Elgozy qui a compris le fond de l’arnaque : « La démagogie est à la démocratie ce que la prostitution est à l’amour ».
À bientôt
Nelson Zimin