Bizarreries et nègreries, la Côte d’Ivoire en foisonne ces dernières années et l’innovation en connerie ne finira pas de sitôt. Henri Konan Bédié, président d’un parti politique et ancien chef d’État a enregistré au rang de ses invités, une délégation de chasseurs traditionnels (DOZO). Que viennent faire des chasseurs dans un environnement politique aussi volatile ? Et pendant ce temps la météo d’effets d’annonces du gouvernement prédit des CNI biométriques et full options. Nelson Zimin s’y penche et n’y comprend rien.
De curieux invités chez Henri Konan Bédié?
Mon cher Kabako,
Tes petits frères viennent de m’attrister ce matin avec une nouvelle qui m’a fait réfléchir. Non, il ne s’agit pas de votre député qui « sert bière ». Je n’en parle pas tellement qu’elle donne à vomir cette marchande de médicaments avariés. Il s’agit de cette mémé prise en possession d’une quantité importante de drogue à une barrière de contrôle routier. Si nos grand-mères se mettent à vendre de la drogue à 66 ans, il faut comprendre le malaise profond qui mine notre société, qui en plus de ne pas garantir un cadre moral assaini à nos enfants, jette les vieilles personnes dans les basses besognes. Comme tous ces jeunes qui multiplient les braquages à l’arme de guerre dans le pays. En attendant la sécurité sociale et un plan de retraite qui fonctionne vraiment, il faut bien s’occuper. Tiens par exemple les chasseurs qui s’invitent dans le débat politique.
C’est à mourir de rire à première vue. Cette rencontre entre un homme politique et des chasseurs. Tu me diras un couple atypique, mais ça serait là ton erreur. En réalité Henri Konan Bédié connait très bien ces chasseurs qui ont joué un rôle clé dans l’accroissement des troupes de la rébellion ivoirienne. Le député PDCI RDA Félix Anoblé connait les arcanes de cette confrérie de chasseurs qui visite le vieux sphinx, pour avoir été actif dans la rébellion sous le pseudonyme de « Doh Félix ». Il n’y aura donc pas de décharge de chevrotine. Les enjeux politiques sont tels que des chasseurs peuvent côtoyer un sphinx. Il y en a d’ailleurs un qui est passé colonel dans l’armée ivoirienne. Oui bien sûr un très haut gradé de leur rang donne forcément des ailes. Il s’était même érigé en homme politique et avait battu campagne lors des élections municipales d’octobre 2018 à Vavoua. Alors ses copains qui prennent part au débat politique, c’est normal.
Quels sont les enjeux d’une rencontre avec Henri Konan Bédié ?
La bataille du Nord qu’a déclenchée Guillaume Soro lors d’une tournée dans le nord du pays en avril dernier a refait les cartes géostratégiques pour 2020. Et en cette période, le PDCI RDA manœuvre pour faire ce qu’il sait faire depuis longtemps : être un faiseur de roi et chauffer les murets du pouvoir dans une posture de cogérant non responble. Peu importe pour qui les chasseurs font cette battue politique, ils entendent bien avoir le Sphinx avec eux. Mais que comprennent-ils au débat politique ? Je sais que tu m’en tiendras rigueur, car il y’a certainement des gens instruits parmi eux, mais ce n’est pas suffisant. Cette démarche nous ramène à la forte odeur tribaliste qui empeste la vie politique ivoirienne. Ces gens sont du nord et ont accompagné la rébellion de Guillaume Soro dont Henri Konan Bédié a été cité parmi les pourvoyeurs de fonds par un conseiller de Guillaume Soro. Alors devrions-nous craindre un remake de 2002-2010, en 2020 avec une reconfiguration des blocs de belligérants ? Tout compte fait, cette rencontre est beaucoup trop bruyante pour présager de quelque chose de bon. Personnellement, mon cher Kabako, je suis inquiet !
Cette odeur de poudre malsaine trouble ma quiétude. Le PDCI RDA n’ayant pas de candidat de poids, Guillaume Soro ne serait-il pas en train de battre ses cartes pour un soutien de Henri Konan Bédié ? En tout cas, sous le fallacieux prétexte de réconciliation, il y’a bien autre chose. Sinon comment expliques-tu que des gens qui ont commis des crimes de sang dans la crise de 2010, n’ayant été inquiétés, soudainement deviennent porteurs de message de paix à l’aurore d’une élection présidentielle ? Je m’interroge mon cher frère. Je n’ai pas de réponse pour le moment. Mais dis à tes petits frères de rester vigilants, et de surtout passer le code de la route avant de se faire enrôler pour la nouvelle Carte Nationale d’Identité multifonction. Mais avant, qu’on les rassure sur la durée de sa validité. Si nos cartes bancaires durent 2 ans, et 5 ans pour la CNI, comment prendront-ils en compte les 10 ans de validité du permis de conduire ? Comment fera-t-on entre les banques et la sécurité nationale ? Même en France où les bases de données sont bien intégrées, une telle magie n’est même pas encore envisageable. Mais comme le dit De Charles Peguy : « Le triomphe des démagogies est passager, mais les ruines sont éternelles ». Sur ce,
A bientôt.