Il est vieux ce temps où Alcide Djédjé passait pour un pro- Laurent Gbagbo. Le nouvel ami du Président Alassane Ouattara parle certes sans les nommer, mais adresse des piques aux régimes passés de Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo pour lequel il a été ministre.
Le quolibet d’ Alcide Djédjé à Gbagbo et Bédié
Ministre des Affaires étrangères de Laurent Gbagbo du temps de la crise, l’ambassadeur Alcide Djédjé a retourné sa veste. Il est clair qu’il dira à qui veut l’entendre qu’il est resté fidèle à la Côte d’Ivoire, ce pays qu’il a toujours servi et non les hommes qui le gouvernent. Sauf que son propos très élogieux envers Alassane Ouattara met forcement en opposition le régime de Laurent Gbagbo à l’actuel, au grand bonheur des partisans du Rhdp qui ne prennent pour sincères politiciens que ceux, une fois dans leur camp, s’attaquent aux hommes et femmes considérés comme leurs adversaires.
Et donc pour séduire ses nouveaux camarades, le ministre Alcide Djédjé délivre des messages à double sens, faciles à interpréter de diverses autres façons. « Nous formons désormais un bloc, et surtout, il y a une grande vigilance et une bonne gouvernance du Président Ouattara qui fera que 2020 ne sera pas ce que certains imaginent », lance-t-il sans plus d’explications sur qui il met dans « certains ».
Et pour lui « Parce que le Président Ouattara a ceci de particulier, c’est un très grand travailleur, en termes de gouvernance et de leadership. Il ne néglige rien pour le bien de tous. C’est ça la responsabilité. »
Par déduction, les autres n’étaient pas forcement assidus à la tache ou même conscients de cette rigueur que recommande leur fonction de Président. Les pros- Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo apprécieront. Il faut noter que le premier a été déposé par un coup d’État en 1999 et le second, après plusieurs années de crises militaro-politiques.
Là où le ministre Alcide Djédjé donne un sens particulièrement offensant à son propos, c’est lorsqu’il ajoute : « Quand on vous confie un pays, il faut pouvoir l’administrer, le gérer, le gouverner de façon à ce qu’il y règne la sécurité et la paix pour attirer le plus d’investissements possibles. C’est ce que le Président Ouattara fait. Il a le leadership suffisant pour juguler toutes les velléités de déstabilisation. Il faut pouvoir avoir la compétence nécessaire pour gouverner.»
Ces sous-entendus surprennent pour une personne de surcroit diplomate de métier qui aurait pu être utilisée par le pouvoir d’ Alassane Ouattara pour discuter avec l’opposition. Mais conscient du fait qu’il lui faut d’abord montrer sa pleine appartenance au régime RHDP, cet homme jadis considéré comme modéré, se précipite dans le piège du parler haut, fort et sans filtre.
Henri Konan Bédié n’a pas demandé à être déposé par un coup d’État du défunt Général Robert Guei et Laurent Gbagbo non plus n’a pas demandé à être la victime d’une déstabilisation militaro-politique menée par Guillaume Soro. Aucun régime n’apporte satisfaction à tous les citoyens en même temps dans un pays, même pas celui d’ Alassane Ouattara qui est d’ailleurs critiqué sur plusieurs sujets.
Alors que chez le voisin, le Ghana, la nouvelle carte d’identité « Ghana Card » est gratuite à la première demande, malgré les différentes fonctions embarquées dans la puce électronique dont elle est dotée, la Côte d’Ivoire vient, par ses parlementaires, de décider de facturer 5000 FCFA chacun de ses concitoyens pour l’acquisition d’une CNI.
Dans une Côte d’Ivoire où le prix des matières premières est en constante régression et où des paysans n’arrivent même pas à faire établir des extraits de naissance pour leurs enfants, les députés du régime en place décident que chaque Ivoirien doit payer pour obtenir cette fameuse CNI. Voilà un fait plus que récent qui peut être rapproché au régime d’ Alassane Ouattara et qui est plus indiscutable dans le désagrément qu’il cause aux citoyens que l’affaire du boubou et la xénophobie qui ont justifié des troubles en Côte d’Ivoire.
Et donc comme le disait Charles Blé Goudé, la sécurité d’un régime dépend pour beaucoup de son opposition. Si celle-ci n’est pas agressive, la paix ne peut que demeurer, l’inverse reste une possibilité.
Plutôt que de tenir des discours qui ne rapprocheront pas plus les uns et les autres, le diplomate de métier M. Alcide Djédjé devrait garder à l’esprit cette phrase de l’anthropologue et théologiste Billy Graham qui disait « Rien ne peut apporter un réel sentiment de sécurité dans la maison que le vrai amour ».