Lors de sa visite d’Etat dans la région du Hambol, du mercredi 27 au vendredi 29 novembre 2019, Alassane Ouattara a annoncé qu’il sera candidat à la présidentielle au cas où ses grands rivaux, Laurent Gbagbo et Henri Konan Bédié, briguaient la magistrature suprême. En outre, l’actuel chef de l’État envisage une réforme constitutionnelle à onze mois de la prochaine élection. Mais le numéro un ivoirien se heurte à une vive protestation des Ivoiriens de la diaspora.
Les Ivoiriens de la diaspora en colère contre Alassane Ouattara
Bien malin qui pourra dévoiler l’agenda politique d’ Alassane Ouattara en 2020. Le président ivoirien, qui avait soutenu mordicus ne pas briguer un 3e mandat l’année prochaine, est en train de changer de cap. En juin 2018, le leader du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) confiait à Jeune Afrique que la Constitution ivoirienne l’autorise à « faire deux mandats à partir de 2020 ». Il a aussi ajouté qu’il prendrait sa décision en 2020.
À l’occasion de la célébration du 58e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président ivoirien a laissé entendre qu’il s’engage à oeuvrer « pour transférer le pouvoir à une nouvelle génération de manière démocratique en 2020 » car, pour lui, la Côte d’Ivoire « est riche d’hommes et de femmes jeunes compétents qui ont reçu une formation de qualité et qui ont appris à nos côtés comme nous avons appris aux côtés de nos ainés ».
Contre toute attente, Alassane Ouattara a tenu un autre discours le samedi 30 novembre 2019 à Katiola, dans la région du Hambol, au nord du pays. L’ancien directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI) a ouvertement conditionné sa retraite politique à celle d’ Henri Konan Bédié et de Laurent Gbagbo. « Je veux que tous ceux de ma génération comprennent que notre temps est passé. Donc si eux, ils sont candidats, je serai candidat », a-t-il martelé.
Au cas où il voudrait briguer un 3e mandat, Alassane Ouattara qui a aussi annoncé une révision constitutionnelle, risque de se heurter aux Ivoiriens de la diaspora. Dans un communiqué publié le jeudi 5 décembre 2019, l’Union de la diaspora pour la Côte d’Ivoire (UDCI) « condamne avec la plus extrême vigueur les grandes manœuvres en cours à Abidjan en vue d’un tripatouillage de la Constitution ». Par ailleurs, les Ivoiriens de la diaspora réaffirment leur « opposition solennelle à la réintroduction d’un verrou de l’âge destiné à assurer un braquage électoral en faveur du dauphin désigné par un régime aux abois ».
L’UDCI a aussi dénoncé le projet d’ Alassane Ouattara d’organiser une élection présidentielle à un tour, qui signifierait « un président minoritaire, un président mal élu et l’impossibilité pour les oppositions de se regrouper autour d’un projet commun de gouvernement ». L’union a également demandé à Alassane Ouattara de mettre en place une Commission électorale indépendante (CEI) devant « garantir la sincérité du scrutin ».