Un autre épisode des démêlés judiciaires de l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo, pourrait bientôt s’ouvrir à Abidjan. S’il sort victorieux de son procès à la Cour pénale internationale (CPI), le fondateur du Front populaire ivoirien (FPI) pourrait à nouveau se retrouver devant la justice ivoirienne qui l’a déjà condamné à 20 ans de prison pour l’affaire du « braquage de la BCEAO ».
Tuerie des femmes d’Abobo: Une plainte bientôt déposée contre Laurent Gbagbo à Abidjan
Les parents des femmes martyres d’Abobo (APA-FEM-A) ont menacé, lundi, de saisir le tribunal d’Abidjan à l’effet de l’ouverture d’une enquête sur les circonstances du décès des « 7 femmes assassinées » à Abobo le 3 mars 2011 lors d’une marche de protestation pour exiger le départ de Laurent Gbagbo du pouvoir.
« L’Association des Parents des Femmes martyres d’Abobo (A-PA-FEM-A) porte à votre connaissance qu’elle a décidé de saisir la justice ivoirienne pour l’ouverture d’une enquête sur les circonstances et les auteurs de l’assassinat de nos enfants, le 3 mars 2011, à Abobo Banco », apprend-on de Bamba Mamadou, président de ladite association.
« Depuis bientôt 9 ans, nous pleurons nos enfants lâchement tués. Depuis 9 ans, nous sommes en quête d’une justice qui situera les responsabilités et infligera des sanctions aux auteurs, complices et commanditaires de ce crime odieux (…) L’ouverture d’un procès avec des éléments précis permettra enfin de restituer la vérité dans l’esprit de tous sur l’assassinat de nos enfants », fait savoir M. Bamba.
Les FDS, pas responsables du massacre des 7 femmes d’Abobo, selon le commandant Detoh Letoh
L’Affaire des 7 femmes assassinées à Abobo lors de la crise post-électorale de 2010-2011, faut-il le rappeler, avait fait l’objet d’un débat houleux entre les parties prenantes engagées (Accusation, Défense et Représentante légale des victimes ) dans le procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé devant la chambre de première instance de la CPI. Les responsables militaires de l’armée gouvernementale à l’époque de la crise militaro-politique de 2010-2011, avaient rejeté toutes responsabilités de leurs hommes engagés sur le terrain militaire à Abobo, dans ce massacre.
« Nous n’avons tenu aucune réunion et reçu aucune information sur cette marche et aucun élément n’était à son poste. Ils étaient tous rassemblés au camp commando », s’était défendu l’ancien commandant de l’armée de terre ivoirienne. « Personne ne pouvait sortir du camp commando. Nous avons eu l’information que des femmes avaient été tuées par nos hommes. Nos éléments ne pouvaient pas être là-bas. Tous les éléments de la zone d’Abobo, depuis plus de deux semaines, étaient retranchés dans le camp commando d’Abobo. Je le confirme et le maintient. Nos hommes que nous avions sur le terrain ne pouvaient pas sortir du camp commando », avait soutenu le général Détoh Letoh lors de son témoignage à la CPI, en novembre 2017.
Cette version avait été corroborée par le Général Philippe Mangou, alors chef d’ État-major, et par tous les responsables militaires qui se sont succédé à la barre lors le procès de l’ex-président ivoirien.
Ce que risque Laurent Gbagbo si la CPI annule sa décision d’acquittement
Pour l’heure, le procès des deux Ivoiriens, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, acquittés en Première instance, se poursuit devant la Chambre d’appel de la CPI. La procureure Fatou Bensouda, ayant fait appel de la décision d’acquittement prononcé en leur faveur. Si Mme Bensouda parvenait à obtenir la prononciation d’un « non-lieu », alors les deux Ivoiriens pourront à nouveau faire l’objet de nouvelles poursuites devant d’autres tribunaux, y compris celui d’Abidjan.
«En marge de la nouvelle procédure en appel ouverte à la CPI, nous, parents des femmes martyres d’Abobo, avions décidé de porter plainte devant les tribunaux ivoiriens contre Laurent Gbagbo et x pour assassinat, complicité d’assassinat », prévient le président de l’association des femmes martyres d’Abobo. Qui ne manque pas d’ajouter qu’ils se feront assister par un Conseil.
« Notre action est le début d’un processus et nous nous battrons jusqu’au bout pour que justice soit rendue. Nous porterons plainte à Bruxelles dont la justice à une compétence universelle pour connaître de l’assassinat de nos filles, contre Laurent Gbagbo et x », annonce Bamba Mamadou.