Candidat déclaré à l’élection présidentielle d’octobre prochain, Jean Yves Dibopieu annonceson retrait de la course à la présidence de la République. Dans la déclaration ci-dessous, l’ancien membre de la FESCI ( Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire ) dénonce la caporalisation de la scène politique par les « anciens » et leur refus de céder le pouvoir à la nouvelle génération.
Jean Yves Dibopieu fait le procès des anciens et annonce la suspension de sa candidature
« Nous voudrions exprimer ici notre tristesse et notre déception de voir notre pays replongé dans cette poussière de dictature qui nous fait encore trainer après les autres. En effet, les dictatures proviennent des crises de mentalité, qui tel un poids, nous font rétrograder et nous maintiennent toujours comme les balayures de ce monde. Les dictatures se manifestent par plusieurs symptômes dont trois restent les plus connus :
– La volonté de demeurer et de mourir au pouvoir – Le tripatouillage des constitutions – L’organisation de mauvaises élections Dans notre pays malheureusement tous ces trois symptômes émaillent et plombent déjà les élections présidentielles à venir. Nous sommes d’autant écœurés que cela est de la responsabilité de la classe des anciens. Pendant longtemps, ils ont indexé la jeunesse comme l’origine du mal ivoirien.
Mais avec ce qui nous ait donné de voir aujourd’hui, il est clair que cette classe des anciens est le vrai coupable, elle est cette main occulte qui opère en sourdine, en utilisant la jeunesse comme gant. Cette classe des anciens ne nous présente pas d’idéal, pas de valeur.
En effet, grande fut notre surprise de les voir ressurgir alors que nous avons pensé légitimement, que ces anciens devaient faire place à la nouvelle génération en lui créant les conditions démocratiques inclusives et transparentes d’une élection présidentielle à même de nous sortir définitivement des cycles de violence observés dans notre pays depuis trois décennies.
Rappelons-nous, que déjà en 2003, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, ces anciens ont consacré la partition de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui encore, ils refusent de nous montrer le chemin qui mène à la retraite politique malgré leur âge trop avancé.
Or nous pensons qu’a cet âge l’on est affaibli et n’est plus en possession de toutes ses capacités physiques, intellectuelles et morales. C’est l’âge où il faut prendre soin de soi-même et de sa santé en profitant de l’affection familiale.
En 2016, encore ces mêmes anciens, dans une action concertée et préméditée décidaient de s’en prendre à notre constitution aux fins de la tripatouiller et de la conformer à leur seul désir. Dans un tour de passe-passe, Ils ont sauté les verrous de limitation d’âge et de mandat. Ainsi, ils jouissent aujourd’hui du résultat de cette supercherie en étant encore candidats.
Aujourd’hui encore, il nous montre que la parole donnée n’a aucune valeur. On peut se permettre de dire le 5 Mars 2020 : « J’ai décidé de ne pas être candidat en 2020. » et revenir le 6 Août annoncer : « Je suis candidat aux élections d’octobre 2020. ».
De telles attitudes frisent le mépris vis-à-vis du peuple au profit d’un groupuscule d’affidés, qui se complaisent avec leurs mentors à croire que sans eux c’est l’hécatombe. Dans cette passion, ils ignorent complètement que l’Etat est une continuité et qu’avant eux, il y’a eu d’autres dirigeants.
Nous insistons, que cette classe des anciens ne nous enseignent ni valeur, ni idéal. Elle est la véritable responsable des différentes crises et violences que connait notre pays depuis 30 ans. La Côte d’Ivoire est dans l’impasse parce qu’en proie à cette routine qui nous fait tourner en rond.
Enfin, pour s’accrocher cette classe des anciens s’est encore accordé autour des mesures antidémocratiques afin d’écarter les potentielles candidatures sérieuses. Ainsi pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays, l’on exige 50 000 000 (cinquante millions) aux candidats avec le parrainage d’un certain nombre d’électeurs.
En lieu et place de la démocratie qui donne la chance à toutes les classes sociales, ils instaurent ainsi la ploutocratie qui est le système politique où seul règnent les riches. Ils prétextent par ces mesures vouloir éviter les candidatures fantaisistes. Nous rétorquons premièrement que les vraies candidatures fantaisistes sont celles qui empêchent les autres par les mesures impopulaires.
Secundo, les vraies candidatures fantaisistes sont également celles de ceux qui accompagnent cette classe des anciens dans un jeu électoral déjà pipé. Nous leur rétorquons enfin que le seul baromètre à même de mesurer du caractère fantaisiste ou impopulaire d’un candidat reste le peuple.
Chers Ivoiriens pour conclure, lorsque nous déclarions le 4 juillet 2020 notre candidature depuis la Bibliothèque nationale, nous avions espéré qu’avec le retrait du Président Alassane OUATTARA, la Côte d’Ivoire s’engagerait sur la voie de la paix avec des élections démocratiques sans ces anciens. Pour nous, les différentes crises meurtrières engendrées par leur politique depuis 30 ans dans notre pays devraient leur servir d’inspiration pour se ressaisir.
Malheureusement, la volonté obstinée de ces anciens de s’accrocher au pouvoir, a déjà commencé par nous conduire dans une autre crise politique dont nous ignorons les conséquences.
C’est pourquoi, pour ne pas nous rendre complice des conséquences de cet acharnement des anciens, matérialisées déjà par de nombreuses pertes en vies humaines, nous décidons ce qui suit : 1- La suspension pur et simple de notre candidature pour ces élections présidentielles.
2- L’organisation dans les jours à venir d’un Conseil National avec nos Comités Politiques et nos Sections. 3- Le maintien sur le terrain de toutes nos activités par les Camarade Frères et Sœurs. 4- Nos excuses à tous les sympathisants et sympathisantes qui avaient pris fait et cause pour notre candidature. Que la paix et la grâce Dieu soient avec nous.
Le Camarade-Frère Jean-Yves DIBOPIEU
Président de I.CO.N (Intégrité et Conscience Nationale)