Guillaume Soro est plus que jamais dans le collimateur d’Alassane Ouattara. L’ancien Premier ministre ivoirien a rompu les relations avec le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le parti au pouvoir, depuis sa démission de la présidence de l’Assemblée nationale le 8 février 2019. Loin de l’hémicycle, ses relations avec son ancien mentor se sont considérablement détériorées. Le député de Ferké est en exil en Europe depuis bientôt un an. William Bourdon, l’un de ses avocats, est monté au créneau et dénonce une « persécution politique » contre le fondateur de Générations et peuples solidaires (GPS).
Bientôt un an d’exil pour Guillaume Soro
Le 8 février 2019, un bouleversement est survenu à l’Assemblée nationale ivoirienne. Ce jour-là, Guillaume Soro qui dirigeait l’hémicycle depuis le 12 mars 2012 a rendu le tablier. « Oui, j’ai choisi de ne pas m’engager au sein du RHDP unifié. Ainsi, je n’ai point pris part au congrès ordinaire du 26 janvier dernier au stade Félix-Houphouët-Boigny. Grave erreur ! Grave faute ! Ont tôt fait de clamer certains de mes compères. Mais voyez-vous je suis homme à croire plus au jugement de l’histoire qu’au jugement des hommes », a déclaré l’ex-chef rebelle dans son discours devant les députés, avant d’ajouter : « A cet instant précis, je rends ma démission de mes fonctions de président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Oui, j’ai décidé de sacrifier mon poste pour la paix pour la Côte d’Ivoire comme je l’ai déjà fait par le passé. »
À cette époque, Guillaume Soro soutient que sa carrière politique, loin d’être achevée, ne fait que commencer. L’ancien président de l’Assemblée nationale affirme fièrement que désormais il lorgne le fauteuil présidentiel. « Je demeure serein tout en quittant mon poste pour l’aventure de mes convictions », a-t-il confié après sa démission. Le leader des soroistes effectue un séjour dans l’hexagone et profite pour annoncer sa candidature à l’élection présidentielle de fin octobre 2020. Le 23 décembre, Guillaume Soro embarque dans un avion pour Abidjan, mais l’appareil est dérouté au Ghana. Des proches de Générations et peuples solidaires, son mouvement politique, son mis aux arrêts. Le député de Ferké, accusé par le pouvoir ivoirien de tentative de déstabilisation du régime, s’exile en Europe. Cela va bientôt faire un an qu’il est loin de la Côte d’Ivoire. Pour William Bourdon, l’un de ses avocats, Alassane Ouattara persécute son client.
William Bourdin tacle Alassane Ouattara sur le cas Soro
Dans une interview accordée à Le Monde, Alassane Ouattara s’est exprimé sans ambages sur le cas Guillaume Soro qui mérite « la prison à perpétuité ». Le chef de l’État ivoirien a laissé entendre que pour son ancien protégé, « ce sera la prison ». « Il n’y a aucun doute là-dessus », a-t-il lâché. « Après les mutineries de 2017, on a trouvé des tonnes d’armes chez lui. Puis nous en avons trouvé au siège de son parti. En quoi un président de l’Assemblée nationale a-t-il besoin d’avoir des lance-roquettes au siège de son parti ? Il y avait une organisation en vue d’effectuer un coup d’État », a justifié l’homme fort du RHDP.
Selon William Bourdon, l’avocat français de Guillaume Soro, le pouvoir d’Alassane Ouattara s’acharne sur le natif de Kofiplé. Interrogé par nos confrères d’Afrikipresse, il fait remarquer que « les persécutions politiques contre les opposants ne datent pas d’hier, comme l’illustrent celles initiées à l’encontre de monsieur Guillaume Soro opposant politique et des membres de son mouvement Générations et peuples solidaires (GPS) ». L’homme de loi estime que le « préalable, c’est la libération immédiate de toutes les personnes arrêtées arbitrairement, qu’il s’agisse des arrestations récentes en lien avec la répression postélectorale, mais également de toutes celles qui se sont déroulées au mépris des droits les plus élémentaires ». Il faut signaler que des proches de Guillaume Soro, dont Alain Lobognon, sont détenus depuis des mois.