Journaliste-consultant, Bamba Alex Souleymane est un érudit dans le domaine de la communication et des médias. Homme de réseaux et très au fait de l’actualité, Bamba Alex est un observateur averti dont les analyses sur les sujets d’actualité, ont souvent valeur d’anthologie. Réagissant à la dernière décision de l’ancien président Laurent Gbagbo d’abandonner son parti politique, le FPI, entre les mains de son ex-Premier ministre et désormais rival politique, Pascal Affi N’guessan, Bamba Alex Souleymane a émis quelques doutes sur la capacité du président statutaire du Front populaire ivoirien, à conduire à bien le navire FPI sans Laurent Gbagbo. Ci-dessous, l’intégralité de l’analyse de Bamba Alex Souleymane (BAS).
Bamba Alex Souleymane: « Gbagbo ne pouvait en rien, accepter que l’on lui contestât son leadership »
(…) Que m’inspire la sortie « grand format » de Gbagbo devant les siens? Assurément, une remontée du cours de l’histoire politique délétère de notre pays. Certains de ces moments de grandes empoignades et joutes politiques. Si certains l’avaient oublié, il faudra se remémorer que Gbagbo est un redoutable animal politique.10 ans de privation de liberté l’ont certes affaibli, mais n’ont pas réussi à…l’ébranler. Certes les aléas et les vicissitudes de la vie n’ont en rien entamé son moral. Encore moins, il me semble, ses convictions et ambitions politiques. Malgré son éloignement, il n’y a rien en Côte d’Ivoire, qu’il ignorait. Dans son esprit, l’épopée du FPI originel de la clandestinité à Dabou, en 1982, a vécu. Son accession au pouvoir d’Etat, le 22 Octobre 2000, en aura été le « point d’orgue ».
L’illustration de la puissance de la machine politique de ce moment. 20 ans après, de l’exercice du pouvoir d’Etat à la crise post-électorale (de triste mémoire), jusqu’à son arrestation et son déferrement à la Haye, il a fait, « in petto », son examen de conscience. Son « aggiornamento ». Il a tiré les enseignements de ses relations avec les uns et les autres: dans son parti comme avec des alliés circonstanciels ( politiques, religieux de tous acabits, communicants inconsistants et autres obscurs financiers et hommes d’affaires véreux). Dans sa prison, il a dû méditer sur cet univers surréaliste. Plus encore, il a pu, fort probablement, mûrir le scénario qui est en train de s’écrire actuellement sous nos yeux.
Bamba Alex: « Le peuple du FPI originel et orthodoxe est d’obédience Gbagbo »
Depuis son acquittement, il a dû méditer son futur intrinsèque et…sur son futur probable ou lointain. Aussi, ne suis-je pas loin de penser que la décision de rompre les amarres et de « larguer » le FPI » ancien, n’avait déjà, plausiblement, été arrêtée voire prise. Restait peut-être, à en trouver la forme et la circonstance. Les deux hypothèses ont eu pour exutoire, le palais de la culture de Treichville. Dépositaire de la conscience morale, leader incontesté du FPI. Leader charismatique et iconique de ce parti, Gbagbo qui en incarne et l’esprit et l’idéologie, avait une claire conscience des contradictions et convulsions qui minaient le FPI. Rien ne l’a surpris. Puis-je donc, seriner que sa décision de faire « tabula rasa » (table rase) sur plusieurs passés tristes, a résulté de réflexions bien antérieures à son retour, le 17 Juin en Côte d’Ivoire, son pays.
Ce SCENARIO était ÉCRIT. Gbagbo savait tout des intrigues et manigances d’appareil. Lui, le chef, ne pouvait s’offrir en spectacle. Il ne pouvait en rien, accepter que l’on lui contestât son leadership. Tout ce qui a rythmé le palais de la culture de Treichville, a obéi au rituel politique sacrificiel: exorciser les fantasmes du passé. Invoquer l’esprit des mânes, pour expier les éventuels péchés ou actes manqués. Appeler la bénédiction du St père ainsi que sa miséricorde infinie sur le nouveau né. Au delà des différentes analyses et hypothèses émises à raison par les uns et les autres, des pistes politiques autres, existaient. Plus encore, les hypothèses ou propositions de noms, foisonnent:
1-Le FRONT 2-Le « FRONT UNI ». 3-Le FRONT IVOIRIEN UNI. 4-Le FRONT National Ivoirien. Bref, autant d’alternatives pour nommer un parti. S’agissant d’Affi N’guessan, je considère que, bien qu’étant un excellent politique, je doute qu’il ait une étoffe à l’instar de son ancien mentor Gbagbo à l’ombre duquel, il a, peu ou prou, blanchi sous le harnais. Il est notable qu’il a des qualités. Mais, le peuple du FPI originel et orthodoxe est d’obédience Gbagbo. Mais, comme nul ne peut présager de quoi demain sera fait, ni a fortiori présumer l’avenir, que l’histoire suive son cours…
BAS