L’ex-chef des jeunes patriotes ivoiriens, Charles Blé Goudé, a livré un pan de l’état actuel de ses relations avec Guillaume Soro, l’ancien patron de la rébellion des Forces nouvelles. Dans ses explications, le patron du COJEP a laissé transparaître une démarche politique formellement opposée à celle de son ancien compagnon de la FESCI (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire).
Blé Goudé fait des précisions sur la nature de ses relations avec Guillaume Soro
À quoi peuvent bien penser, l’un de l’autre ? Guillaume Soro et Charles Blé Goudé ont longtemps fait chemin ensemble au sein de la FESCI. Désormais, farouches opposants lors de la décennie de crise militaro-politique qu’a traversée la Côte d’Ivoire entre 2002 et 2011, les deux hommes sont aujourd’hui contraints à l’exil, en raison de leur démêlées avec la justice ivoirienne. L’ancien chef du Parlement ivoirien, en disgrâce avec le président Alassane Ouattara, son ancien mentor, vit depuis quelques années, dans la clandestinité, en Europe sous la menace d’un mandat d’arrêt international. Guillaume Soro a, en effet, été condamné à perpétuité par la justice ivoirienne, en juin dernier, pour sa responsabilité présumée dans un projet de déstabilisation visant le régime d’ Abidjan.
Évoquant le sujet dans une récente interview accordée à la Radio de la paix, l’ancien général de la rue s’est certes montré compatissant à l’égard de son ancien compagnon de lutte, mais s’est toutefois voulu catégorique quant à la nature des relations qui le lie au président de Générations et peuples solidaires (GPS) : « Guillaume Soro et moi, nous avons un passé en commun d’anciens syndicalistes étudiants (…) Mais je crois que nous ne regardons pas pour le moment dans la même direction politique. D’abord, on n’a pas les mêmes méthodes de lutte et on n’a pas la même démarche politique et on n’a pas la même manière de voir la Côte d’Ivoire de demain », a précisé Charles Blé Goudé.
« Je sais dans quelle situation difficile il est, parce que moi-même j’ai déjà vécu en clandestinité avec un mandat d’arrêt. Je n’aimerais pas tirer sur l’ambulance . Donc, je respecte sa douleur », a exprimé Charles Blé Goudé en faveur du patron de Générations et peuples solidaires. Nonobstant, le président du Congrès panafricain pour la justice et l’égalité des peuples ( COJEP) a dans la foulée, invité l’ensemble des acteurs politiques ivoiriens, notamment le patron de GPS, connu pour ses virulentes sorties à l’encontre du régime, à prendre « de la hauteur » en privilégiant la réconciliation nationale.
« Quand on parle de réconciliation, quand on dit qu’autour de la table, il faut toutes les filles et tous les fils de la Côte d’Ivoire, quel que soit ce qui nous oppose, prenons de la hauteur. Nous aussi, nous devons tenir un langage qui peut apaiser les cœurs. C’est pourquoi, nous tous en même temps que nous demandons à rentrer en Côte d’Ivoire, notre attitude, notre langage doit aussi suivre dans ce sens », a conseillé l’ancien pensionnaire de la prison de Scheveningen à La Haye. Charles Blé Goudé, acquitté par la Cour pénale internationale depuis mars dernier, demeure en attente de la délivrance de son passeport en vue d’un éventuel retour en Côte d’Ivoire.