Plus de frais COGES payés par les parents d’élèves de Côte d’Ivoire, à partir de janvier 2021. Ainsi en a décidé le président Alassane Ouattara qui annonce qu’ils seront désormais pris charge par l’État et les collectivités locales. Le journaliste Assalé Tiemoko Antoine, Maire de Tiassalé, salue cette « une décision d’une extrême importance tant son impact est national ».
Coges – Assalé Tiemoko : « On ne peut pas transférer les problèmes aux élus et garder les solutions à Abidjan, dans des ministères»
« La décision du chef de l’État, de faire supporter les frais Coges par l’État et les collectivités locales est une décision d’une extrême importance tant son impact est national et concerne l’ensemble des familles ivoiriennes qui ont un enfant inscrit à l’école de la république, l’école publique.
Mais pour que cette décision produise ses effets, il y aura un véritable combat à mener contre un système mafieux qui s’est installé dans l’école et qui n’a aucun intérêt à ce que les choses s’arrêtent ainsi. Mais se battra avec tous les moyens pour préserver ses intérêts. Cette fois-ci, il faudra que le débat se fasse et que tous les acteurs de la chaine de l’éducation soient mis devant leurs responsabilités. La décision du chef de l’État implique un débat, enfin, sur la réalité des transferts de compétences aux élus locaux. On ne peut pas transférer les problèmes aux élus et garder les solutions à Abidjan, dans des ministères.
La gestion de l’école primaire, préscolaire et secondaire, relève de la compétence des élus locaux (maires, gouverneurs de districts et conseillers régionaux). C’est à eux qu’il revient, de par la loi, de construire les écoles et même de recruter les enseignants.
« Un seul DRH pour plus de 100 mille fonctionnaires »
Ce n’est pas au ministère de l’Education nationale de construire les écoles et de recruter les enseignants, ça ne peut pas fonctionner. Comment veut-on qu’un système soit efficace quand un seul directeur des ressources humaines doit gérer, dans un seul ministère, plus de 100 mille fonctionnaires. Comment veut-on que le système soit efficace quand c’est le ministère qui doit, au lieu de se cantonner dans son rôle de détermination de la politique de l’éducation nationale, de la conception de manuels scolaires performants, de l’organisation de l’enseignement, construire les écoles en faisant de la politique politicienne ?
« Des « vampires » tapis dans l’ombre »
Comment veut-on que le système soit performant quant au lieu de la gratuité, en violation de la loi sur les transferts de compétences, des ministères qui n’ont rien à voir avec l’éducation nationale (comme le ministère des sports), puissent prélever des frais dans l’école à travers les frais sur le sport ? Environ 1000f par élève au primaire alors que 350 Fcfa seulement arrivent à la ligue du sport et que 650 f disparaissent dans des poches sombres. Sur 1000 F pour les photos, 300 à 400 f sont reversés aux photographes et le reste est partagé entre des fonctionnaires installés dans de nombreux ministères.
Pour la composition qui est une activité pédagogique relevant de la mission de l’enseignant, les parents doivent payer 1000f par enfant soi-disant pour faire des saisies et des photocopies de devoir. Et cet argent est reparti entre plusieurs individus. Maintenant c’est aux parents d’élèves de payer entre 200 et 500 f par enfant, pour les factures d’internet des IEP et autres DRENET. Pour la visite médicale, les enfants qui ne payent pas les 500 f, ne sont pas consultés et les pathologies cachées ne sont pas détectées.
« Frais annexes: plus de 80% sont illégaux »
A Tiassalé, nous avons supprimé tous les frais annexes que nous ne trouvons pas utiles et qui ne se justifient guère. On ne réglera donc pas le problème des frais Coges sans le coupler avec les frais annexes dont plus de 80% sont illégaux. La bataille ne fait que commencer ».
Antoine Assalé Tiemoko – Maire de Taissalé