Cuno Tarfusser n’en a pas encore fini avec ses récriminations contre la Cour pénale internationale (CPI). Juge président dans le procès Gbagbo Laurent, le magistrat italien semble remonté contre ladite Cour, tant ses espoirs de justice ont été déçus par elle.
Cuno Tarfusser sort encore ses griffes contre la CPI
Élu pour siéger avec les 17 autres juges de la Cour pénale internationale (CPI), Cuno Tarfusser s’attendait à parfaire sa profession de Magistrat en exerçant au sein de cette prestigieuse institution judiciaire. Mais après neuf (9) ans passés à La Haye, le constat fait par ce haut magistrat reste quelque peu amer. « D’un point de vue institutionnel, il y a eu un grand écart entre ce à quoi je m’attendais et la réalité dont j’ai été témoin », s’est-il confié.
Poursuivant, le président de la première Chambre préliminaire de la CPI ajoute que lorsqu’il est arrivé en tant que juge à la CPI, un sentiment d’humilité l’avait envahi, espérant qu’il serait en mesure d’atteindre le haut niveau qu’il pensait que l’on attendrait de lui, et d’avoir les compétences requises pour un juge de cette Cour. « J’ai appris très vite que, même si j’avais besoin d’apprendre beaucoup, l’écart n’était pas si grand », a-t-il déploré avec désarroi.
Le refus des autorités sud-africaines d’arrêter Omar El-Béchir et de le remettre à la CPI en retardant sciemment les procédures a toutefois été une expérience mémorable pour le magistrat italien.
Cuno Tarfusser, le juge de Gbagbo qui ne veut plus se taire
Fort de son expérience d’ancien procureur général en Italie, le juge-président dans l’affaire Laurent Gbagbo contre le procureur se sent par ailleurs à la hauteur de la tâche. Aussi, se dit-il fondé à émettre des opinions dissidentes, notamment dans la demande de liberté provisoire de l’ancien président ivoirien qui vient de lui être refusée pour la 13e fois.
Le juge italien avait à cet effet pointé l’impertinence des motifs soulevés par Me Emmanuel Altit et ses confrères de la défense (l’état de santé de Gbagbo) pour demander la libération provisoire du détenu le plus populaire de la prison de Scheveningen. Et pourtant, d’autres arguments plus pertinents auraient permis d’obtenir gain de cause, selon lui.
Ayant pris fonction à la CPI le 23 mars 2009, le mandat de Cuno Tarfusser a en principe pris fin le 23 mars 2018. Cependant, le Statut de Rome prévoit qu’« un juge affecté à une Chambre de première instance (…), qui a commencé à connaître devant cette chambre une affaire en première instance (…), reste en fonctions jusqu’à la conclusion de cette affaire ». N’empêche que le juge italien ne cesse de sortir de plus en plus de sa réserve pour mettre à nu les tares de cette juridiction qui prive les ivoiriens de leur Gbagbo.